De l'abus du marché ?

Mardi dernier, j'ai effectué un voyage en Corse pour participer à un colloque plutôt curieux. En effet, celui-ci était consacré au libre marché et définissait celui-ci comme un prodigieux outil de sondage d'opinion. La théorie peut paraître singulière de prime abord, mais elle s'appuie en réalité sur un raisonnement sans faille. A chaque seconde qui passe, les opinions de millions (voire de milliards) de producteurs et de citoyens se mesurent en effet les unes aux autres. Tous promulguent leur opinion, sans qu'il soit besoin de passer par des enquêteurs. Quels sont leurs romans préférés ? Choisissent-ils de partir en vacances en train ou en voiture ? Quelle boisson gazeuse consomment-ils ? Il pourrait difficilement y avoir un sondage d'opinion plus général et plus persistant que celui qui est produit par le libre marché. Demander à ces mêmes personnes de répondre à des QCM sur leurs oeuvres préférées ou leur moyen de transport préféré, conduirait à des résultats bien plus incertains. Tout d'abord, l'organisation d'un sondage valide serait passablement pénible et ennuyeuse. D'autre part, les résultats seraient déjà obsolètes quand ils seraient finalement publiés. Enfin, ce sondage serait loin d'être aussi pertinent que le libre marché. Pourquoi ? Parce qu'il y a parfois un gouffre entre ce qu'on déclare et la réalité. Toute personne interrogée peut ainsi parfaitement prétendre être malheureuse au travail et consommer fréquemment une certaine marque de boisson gazeuse. Mais la seule preuve patente de ces dires demeure finalement les choix effectués par cette personne sur le libre marché. Chaque action marque en effet les goûts effectifs de l'individu. Que ce soit dans un hypermarché ou un marché du travail, il est toujours question de choix libres. A tout instant, chaque citoyen procède donc à des choix. Bien qu'il soit difficile de déterminer avec précision qui réalise tel choix (et pour quelle raison), il est toutefois possible d'évaluer le résultat final de ces choix : la quantité de vin écoulée au cours d'une belle soirée d'été, le rabais à effectuer sur les vêtements pendant les soldes (pour que tout le stock soit vendu)... A partir de ces données, le marché réagit. Un bien attendu, apprécié ou introuvable, voit son prix grimper, tandis qu'un autre moins demandé, peu populaire ou largement disponible, voit son prix diminuer. Ce colloque en Corse aboutissait en définitive à cette conclusion étonnante : le libre marché est la fusion idéale de la liberté individuelle et de la liberté d‘expression à une très grande échelle. Pour en savoir plus, et pour en profiter également, je vous laisse le lien vers l’organisateur de ce séminaire en Corse.